Le Point.fr - Publié le
Dans une tribune publiée sur Rue 89, le réalisateur revient sur la 'charge' qu'il a subie et qui l'aurait 'détruit', dit-il, si son film n'avait été primé.
La vie d'Adèle se porte bien, malgré tout. Sorti le 16 octobre, le long-métrage réalise le meilleur démarrage d'une Palme d'or depuis Entre les murs de Laurent Cantet en 2008 : plus de 260 000 spectateurs du mercredi au dimanche. Il ne semble donc pas pâtir de la joute à fleurets mouchetés qui a opposé à la rentrée le réalisateur Abdellatif Kechiche et son actrice Léa Seydoux. Pas plus que des accusations de certains techniciens, rendues publiques en plein Festival de Cannes, selon lesquelles le cinéaste les aurait largement exploités pendant le tournage. Son film en salle, Kechiche a entrepris de répondre, dans le détail, à la 'charge' qui a été menée contre lui depuis le printemps et qui, dit-il, l'aurait 'détruit' si son travail n'avait été récompensé. Il le fait dans une longue tribune publiée sur Rue 89, et adressée 'à ceux qui voulaient détruire La vie d'Adèle'.
Il règle d'abord ses comptes avec Aureliano Tonet, chef du service culture du Monde, qui, pendant le festival, avait consacré plusieurs articles à la 'méthode Kechiche'. Le réalisateur l'accuse d'avoir relayé sans les vérifier des accusations 'graves', et aux conséquences 'lourdes'. Il relève en outre des erreurs dans le témoignage de son ancien producteur Jean-François Lepetit, qui, dans l'un de ces articles, évoquait sa difficulté à travailler avec lui. L'accuse d'avoir voulu lui porter préjudice en dénonçant son supposé mépris pour le cinéma américain, alors même que Steven Spielberg officiait comme président du jury. Juge que les anecdotes de tournage versées à son procès en tyrannie ont été 'déformées'. Assure qu'il est, au contraire, entouré depuis ses premiers films d'une équipe dont on ne comprendrait pas la fidélité si ses conditions de travail étaient insupportables. Rappelle, enfin, que le débat est apparu en pleine discussion sur l'extension de la convention collective du cinéma et de l'audiovisuel.
'Une censure qui ne dit pas son nom'
Abdellatif Kechiche met également en cause Léa Seydoux, dont il souligne les incohérences - 'À quel moment dit-elle vrai ? Quand elle m'honore publiquement ou quand elle me conspue bruyamment ?' - et estime qu'elle a voulu avant tout le 'salir' et 'salir la virginité de la première vision et la réception du film par les spectateurs'. 'Il n'est pas exclu que certains de ses amis proches ou intimes (...) ont pu lui suggérer de créer une nouvelle polémique, dans son intérêt apparent, mais surtout dans le leur, écrit Abdellatif Kechiche. Et comme la jeune Léa est pleine d'opportunisme et qu'elle est la star (auto)proclamée du moment et s'imagine sans doute appartenir à une caste intouchable qui ferait d'elle une sorte de princesse au petit pois, elle ne se sent pas tenue de s'expliquer.' Elle devra rendre compte de ses accusations devant la justice, assure-t-il.
Le réalisateur achève sa tribune en s'estimant victime d'une censure moderne, 'qui ne dit pas son nom', plus 'pernicieuse' qu'un coup de ciseaux porté à une bobine. 'Les biais et les canaux sont nombreux pour empêcher un discours, une voix ou une oeuvre d'être audible', écrit-il. Ainsi, La vie d'Adèle, 'qui se voulait un hymne à la jeunesse d'aujourd'hui et à la liberté', a également été visée, quoique 'indirectement', dans son 'contenu' et sa 'portée'.
La rédaction de Rue 89 dit avoir averti Abdellatif Kechiche du risque d'être traité de 'parano'. Sa réponse : 'Très bien ! Cela vaut toujours mieux que les tyran ou despote auxquels j'ai eu droit, au moins c'est une maladie répertoriée.'
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