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Paris Games Week : Xbox One et PS4 dévoilées, pourquoi ces ...

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LE PLUS. Du 30 octobre au 3 novembre, le parc des expositions de la porte de Versailles ouvre ses portes à la Paris Games Week. L'occasion pour le grand public de découvrir la nouvelle génération de consoles de jeux vidéo : la PS4 pour Sony et la Xbox One de Microsoft. Les gamers seront-ils séduits par ces nouvelles plateformes ? Ronan Penetti émet quelques doutes.

Édité par Louise Auvitu


La Xbox One a été présentéé au salon Paris Games Week. Elle sera en vente le 22 novembre prochain. (A. GHNASSIA/SIPA)


En ce samedi pluvieux, pourquoi ne pas se réfugier au Paris Games Week, rendez-vous annuel des amoureux du jeu vidéo ? Du 30 octobre au 3 novembre, les gamers vont déferler en masse dans le hall 2 du parc des expositions de la porte de Versailles pour tester les jeux les plus attendus du moment.


Comme chaque année, on pourra se faire prendre en photo avec de jolies hôtesses devant des voitures de sport et manger des hot-dogs à des prix prohibitifs. Mais surtout, surtout, il sera possible au grand public de mettre les mains pour la première fois sur les consoles next-gen : la Xbox One de Microsoft et la PS4 de Sony. Pourtant, la sortie de ces consoles est entourée d'un sentiment de malaise.


Un manque d'enthousiasme latent


Je m'explique. Pour présenter sa console à la presse, Sony a récemment privatisé pour deux semaines un loft tendanc e, dans le cœur du Marais parisien. Les journalistes spécialisés ont reçu carte blanche pour venir tester la machine en libre-service pendant une semaine dans une atmosphère feutrée.


'Vous trouverez ci-joint votre carte de membre, qui vous donnera accès à l'Appartement 4 aussi souvent que vous le souhaitez, et avec l'invité de votre choix', promettait le carton, un brin aguicheur. Mais une fois sur place, le constat est alarmant : le lieu est loin de faire salle comble. Pire, on trouvait davantage de journalistes sirotant un verre au bar ou discutant dans les couloirs du loft que rivés devant les écrans.


On soupçonne que les 'invités de votre choix' avaient mieux à faire cette semaine-là. Une ambiance qui reflète cruellement le manque d'enthousiasme latent autour de la sortie des nouvelles consoles.


La différence en PS3 et PS4 est loin d'être frappante


Pour comprendre d'où vient le problème, il suffit de jeter un coup d'œil aux jeux proposés au lancement de la PS4 et de la Xbox One - le fameux ' line up de sortie'. 'Fifa 14', 'Battlefield 4', 'Call of Duty Ghosts', 'Assassin's Creed Black Flag'... À quelques exceptions près, quasiment tous les blockbusters annoncés sur Xbox One et PS4 seront aussi disponibles sur la génération actuelle de consoles.


Mais alors, pourquoi diable débourser plusieurs centaines d'euros pour une nouvelle machine, alors que je pourrais, pour le même prix, m'offrir un beau costume de Daft Punk ? D'autant plus que la différence des graphismes entre l'ancienne et la nouvelle génération de consoles est loin d'être frappante sur ces jeux.


Visuellement, le gap entre les versions PS3 et PS4 d'un jeu comme 'Assassin's Creed' est peu ou prou celui qu'on trouve entre un iPad équipé d'un écran Retina par rapport à une tablette standard. Pas franchement folichon.


Une nouvelle console, c'était la promesse d'une révolution visuelle


Ce phénomène est d'ailleurs assez simple à expliquer. Pendant longtemps, l'évolution des consoles suivait un procédé réglé comme du papier à musique : chaque nouvelle génération était deux fois plus puissante que la précédente. Les consoles qui étaient équipées de processeurs 8 bits à la fin des années 1980 ont été remplacées par des machines 16 bits, puis 32 bits, et ainsi de suite...


Un mécanisme qui expliquait la différence saisissante en matière de graphismes entre le passage d'une machine à une autre. Une nouvelle console dans le salon, c'était la promesse d'une vraie révolution visuelle.


Par exemple, le passage de la génération 16 bits (avec la Super Nintendo, qui a marqué le début des années 1990) à la génération 32 bits (avec la première PlayStation de Sony) a permis le développement de vrais moteurs de jeux en 3D - chose rigoureusement impossible jusque-là.


C'était une époque où le Paris Games Week n'existait pas encore, on trouvait les gamers agglutinés autour des bornes de démonstration des grandes surfaces, attendant patiemment leur tour pour une partie de 'Tekken'. Une époque où une nouvelle console à la maison pouvait donner lieu à des démonstrations d'enthousiasme inattendues.


Le jeu vidéo n'est plus une affaire de passionnés


Mais la miniaturisation des composants électroniques ayant fini par atteindre ses limites, cette course à la technologie s'est essoufflée avec les consoles 128 bits, autrement dit avec la génération actuelle de consoles, qui commence aujourd'hui à se faire un peu vieille.


Désormais, il n'est plus question de doubler la puissance de nos consoles. Résultat : la next-gen tant attendue ressemble davantage à une version remastérisée de 'Star Wars' plutôt qu'à 'Pacific Rim' en 3D.


C'est précisément pour cette raison que les constructeurs de consoles ont axé leur campagne de communication non pas sur la puissance de leurs machines, mais sur des améliorations périphériques qui intéressent une minorité de joueurs.


On trouve ainsi en pagaille l'intégration de fonctionnalités pour les terminaux mobiles, l'ajout de services de vidéo à la demande ou encore des fonctionnalités sociales à outrance. Les constructeurs tentent manifestement de faire des nouvelles consoles des appareils multifonctions comparables à une box Internet.


Visuellement, celles-ci s'éloignent d'ailleurs de plus en plus des design futuristes des années 1990 et 2000 pour se rapprocher de l'apparence d'une freebox. Une mutation esthétique qui met en lumière un changement plus profond de l'industrie : le jeu vidéo n'est plus une affaire de passionnés, mais un produit de grande consommation.


Les gamers vont-ils déserter les consoles next-gen ?


Malheureusement, en ce faisant, les constructeurs ont perdu l'essentiel en route : le jeu. Quel joueur peut honnêtement dire qu'il a rêvé de partager ses scores de 'Need for Speed' sur Facebook, ou de live-streamer ses parties de 'Dead Island' en temps réel sur Youtube ?


Il faut ajouter à cela un défaut majeur, à savoir l'absence de rétro-compatibilité des nouvelles machines : les jeux PS3 et 360 ne seront pas jouables sur les nouvelles consoles. La ludothèque patiemment accumulée par les joueurs depuis des années par les joueurs depuis 2005 deviendra donc obsolète du jour au lendemain.


Le tout, sans parler du plan de communication catastrophique de Microsoft sur la Xbox One qui a tenté de forcer les joueurs à accepter une machine connectée à Internet en permanence avant de faire machine arrière devant le tollé général.


Malgré tout, il est très probable que les nouvelles consoles évitent l'échec commercial. Elles peuvent en effet compter sur une population de gamers dont le pouvoir d'achat est toujours plus fort, dont l'âge moyen est plus élevé chaque année et qui compte de plus en plus de jeunes actifs. Ceux-ci ont par ailleurs été parfaitement conditionnés par l'industrie de la téléphonie mobile à s'équiper en produits de pointe en matière de nouvelles technologies.


Reste à savoir combien de temps les gamers mettront avant de déserter en masse le jeu sur console pour se tourner vers le jeu sur PC, aujourd'hui moins coûteux et de meilleure qualité...


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