Le Théâtre Nanterre-Amandiers a enfin un directeur, Philippe Quesne, qui succédera le 1 er janvier 2014 à Jean-Louis Martinelli. Annoncée vendredi 29 novembre par un communiqué du ministère de la culture et de la communication, cette nomination intervient après des semaines d'attente, dues à une divergence sur le choix du candidat entre l'Etat, la Mairie de Nanterre (Fédération pour une alternative sociale et écologique) et le conseil général des Hauts-de-Seine ( UMP). Comme le veut la procédure, un appel à candidatures avait été lancé après qu'il a été signifié, en mars, par la rue de Valois à Jean-Louis Martinelli, en poste depuis 2002, qu'il ne serait pas renouvelé.
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Puis une ' short-list ' a été établie : le duo Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier, Philippe Quesne, Séverine Chavier et Eric Lacascade. Très vite, ces deux derniers ont été écartés. Restaient donc Philippe Quesne, et Marcial di Fonzo Bo-Elise Vigier, sur lesquels une petite guerre d'usure s'est jouée entre l'Etat, qui finance les Nanterre-Amandiers à hauteur de 4,807 millions d'euros, soit 70 % des subventions, le conseil général (12,5 %) et la Mairie de Nanterre, qui elle aussi donne 12,5 %, mais qui possède le théâtre, dont elle assure la maintenance, en offrant chaque année 150 000 euros. LE CANDIDAT DU MINISTÈRE
C'est finalement le candidat du ministère qui l'a emporté. Aurélie Filipetti tenait à avoir la main sur le plus gros centre dramatique national de France, et l'un des plus prestigieux - il fut dirigé par Patrice Chéreau et Jean-Pierre Vincent. Elle a donc imposé Philippe Quesne, ce que le maire de Nanterre regrette dans un communiqué. ' C'est la première fois qu'une nomination à la tête du Théâtre des Amandiers se fait sans l'accord de la ville ', fait remarquer Patrick Jarry, tout en souhaitant ' bonne chance et pleine réussite ' à Philippe Quesne. Au ministère, un conseiller estime que le projet du futur directeur ' correspond à une modernité du théâtre '. Né en 1970, ce metteur en scène travaille en associant les arts de la scène (vidéo, musique, jeu) et livre des spectacles plastiques et oniriques, comme Swamp Club, créé cet été au Festival d' Avignon, et actuellement sur les routes d' Europe.
Lire : la critique de Swamp Club à Avignon
C'est à Munich, où le spectacle est invité, que Philippe Quesne a appris sa nomination. Joint par téléphone, visiblement ému, il a précisé quelques points, en particulier celui des artistes qui l'accompagneront à Nanterre. Car il ne viendra pas seul, mais avec Gisèle Vienne, Vincent Macaigne et Joël Pommerat, trois artistes en pointe et très en vue, dont le ministère a apprécié que Philippe Quesne les joigne à son projet. ' Ce ne sont pas des artistes associés au sens classique du terme, précise le metteur en scène, mais plutôt une association d'artistes. Tous les trois ont un univers fort, et ils développent une écriture scénique de notre époque, que je tiens à voir présente à Nanterre. Je veux aussi inviter de grands metteurs en scène d'une autre génération, comme Heiner Goebbels, pour assurer la transmission du répertoire contemporain. '
Dans son projet, Philippe Quesne entend aussi renouer avec la présence du cinéma voulue par Patrice Chéreau à Nanterre-Amandiers. Quand il en a pris la direction, en 1983, il avait fait construire, attenant au théâtre, un bâtiment destiné à devenir un studio de tournage de films. Mais il n'a pas pu aller au bout de son ambition, faute de financement. Par la suite, le bâtiment est devenu un atelier de décors. Il devrait revivre, mais là aussi, comme du temps de Patrice Chéreau, va se poser la question de l'argent.
Le ministère annonce un ' statu quo des financements ' et laisse à Philippe Quesne le soin de ' faire des propositions '. ' L'expression est juste ', confirme le metteur en scène en souriant. ' Il est encore trop tôt pour dire comment nous trouverons de l'argent, précise-t-il. Nous en discutons avec des partenaires potentiels. '
UN GROS CHANTIER : LA REMISE A NIVAU DE LA SALLE
Philippe Quesne aura également un gros chantier à mener : les travaux du bâtiment, dont le mauvais état impose une totale remise à niveau. Jean-Louis Martinelli a déjà beaucoup travaillé sur la question. Une étude approfondie a été menée, et elle a conclu qu'il serait plus profitable, à tous points de vue, même financier, de construire une nouvelle salle plutôt que de réhabiliter l'ancienne.
Dans ce cas, cette salle serait édifiée à côté du bâtiment actuel, qui pourrait ainsi rester ouvert pendant les travaux, chiffrés à 50 millions d'euros. Puis l'ancienne serait détruite. ' C'est une grosse somme, mais l'Etat s'est engagé auprès de la Mairie de Nanterre à co-financer ', précise-t-on au ministère, qui annonce l'ouverture de discussions sur le sujet ' dans les prochains mois '.
D'ici là, Philippe Quesne devra s' atteler à programmer la saison 2014-2015. En la matière, le retard pris dans la nomination cause un véritable préjudice. Les saisons sont en général bouclées un an à l'avance, et annoncées en mai. Comment faire en quelques mois ? ' C'est une question épineuse, déplore Philippe Quesne. J'aurais aimé, par exemple, faire venir le spectacle de Christoph Marthaler, qui sera créé fin décembre à Bâle. Jean-Louis Martinelli avait travaillé à cette invitation, lui aussi, mais à cause du retard, le projet nous a filé entre les doigts. Nous allons donc faire au mieux, dans les délais impartis, tout en sachant que 2014-2015 sera une année de transition. '
C'est la première fois qu'une nomination à la tête du Théâtre des Amandiers se fait
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